La psychothérapie

Les aléas physiques de la maladie et les comportements qu’ils entraînent : boulimie ou vomissements, ne sont que la partie immergée de l’iceberg.

Derrière ce tableau, sévit un ennemi bien plus dangereux encore : le mental anorexique. Ce mécanisme psychique génère et pérennise la maladie. Il est identique chez les personnes souffrant d’anorexie restrictive ou de boulimie avec ou sans vomissement. Ces deux types de comportement ne constituent que les deux facettes et les deux étapes chronologiques des troubles du comportement alimentaire.

Cet ANOR MIND est la cible du psychothérapeute, surtout si vous vous reconnaissez dans quelques-unes de ces phrases :

  • « C’est la guerre là-haut, un cinéma permanent »,
  • « La maîtrise de la nourriture qui se transforme en maîtrise de tout »,
  • « J’ai l’impression de n’avoir rien choisi dans ma vie »,
  • « Je suis à la fois le.a prisonnier.ère et le geôlier, dans le contrôle permanent »,
  • « J’ai fait mon deuil du plaisir » (sous toute ses formes),
  • « J’ai l’impression d’être dans le mensonge en permanence avec tout le monde »,
  • « Ca ne va jamais avec les autres »,
  • « J’étouffe ceux que j’aime »,
  • « Je me sens vide, perdu.e, désespéré.e »,
  • « Que serais-je après sans l’anorexie »,
  • « On m’a dit que j’étais parfait.e mais j’aimerais qu’on me dise cool, dispo, présent.e ».

Si un psychologue n’est jamais suffisant, il reste indispensable tout au long de la trajectoire de soin. Le type de thérapie employé peut changer avec l’évolution de la maladie car vous allez changer bien plus psychiquement que physiquement dans un avenir proche, un avenir dans lequel aujourd’hui vous n’arrivez plus à vous projeter.

Le but de cette prise en charge, vous faire retrouver cette liberté perdue, régler les problèmes alimentaires n’en sont que le moyen. Votre vie va être différente, vous ne le percevez peut-être pas faute de ne l’avoir parfois jamais vécu. Vous êtes rentré.e dans ce problème si jeune, il faut rattraper le temps perdu mais cette nouvelle vie ne va pas sans “apprentissage“.

L’anorexie est un combat difficile,  mieux vaut être bien  accompagné.
La première qualité de votre psychothérapeute n’est pas liée à son obédience théorique.
Nous avons, au centre SOS Anor des comportementalistes, des psychanalystes, des humanistes, en  la circonstance, tous les types de thérapie ont fait leurs preuves.

Nous avons tous une curieuse propension à choisir les thérapies qui ne nous conviennent pas. Celles qui nous semblent les moins dangereuses s’avèrent souvent les moins efficaces.

Plus que dans tout autre problématique, le  premier contact est important car dans le chemin que vous allez faire avec le psychothérapeute, vous êtes parfois isolé.e, souvent incompris.e, au final seul.e. Il sera le premier à vous comprendre, au sens premier du terme (de  » prendre avec soi « ). Cette présence à vos côtés dans les efforts du début des soins vous amènera vers une psychothérapie plus ciblée suivant votre évolution et vos souhaits.

La qualité vraiment requise est qu’il ait “l’expérience“ de  l’anorexie et que vous vous sentiez suffisamment à l’aise et en confiance avec lui lors des premières séances. C’est ce qu’on appelle dans le jargon psy « l’alliance thérapeutique ».
Le choix reste à votre convenance. Vous affinerez ce choix avec le psychiatre qui est le chef d’orchestre de votre trajectoire de soins.

 

Pour approfondir le sujet, qu’est ce que la psychothérapie ?

Le cadre général des psychothérapies concerne une souffrance humaine et tente de la comprendre, la soulager et s’en libérer. La psychothérapie n’est pas l’application d’un principe chimique à un trouble isolé : elle s’adresse à une personne qui à des problèmes associés à un ou plusieurs troubles. Le psychothérapeute dispose de compétences relationnelles et de techniques qui ont pour but de permettre au patient de se représenter son vécu en rapport avec la situation actuelle.

L’« alliance thérapeutique », tissée grâce au climat de confiance et de sécurité créé entre le thérapeute et le/la patient.e, est le socle sur lequel repose la thérapie quelle qu’elle soit : psychanalyse, thérapies cognitives et comportementales, thérapies intégratives. Le but du psychothérapeute est d’amener le patient à (re)devenir “acteur de sa propre vie’’ par la reconnaissance et l’amélioration des concepts irrationnels induisant en erreur sa vision de la réalité, et par une meilleure connaissance des “schémas cognitifs’’, anxiogènes notamment, et des “croyances’’ autour desquels s’organise sa problématique personnelle. 

 

En quoi consiste le travail psychothérapeutique ? 

La psychothérapie est définie comme une prise de soin psychologique qui s’intéresse à un trouble mental, aux perturbations comportementales ou à tout autre problème engendrant une souffrance ou une détresse psychologique. Le but est de favoriser chez le patient des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif-émotionnel-comportemental, son système interpersonnel, sa personnalité et son état de santé. 

La psychothérapie consiste à réorganiser la capacité d’interprétation des situations par le/la patient.e, et de ré-ouvrir sa capacité de relation, de demande et d’action sur le monde.  Elle a pour objectif de clarifier, confronter et interpréter les conflits conscients et inconscients qui entravent la maîtrise de ses activités de vie. Lorsqu’une psychothérapie est mise en œuvre, le/la patient.e est invité.e à se positionner, à (apprendre à) s’affirmer, à clarifier des valeurs, à réaménager les liens et la confiance en soi, à confronter les résistances, à interpréter les idées et les émotions refoulées, et à prendre conscience de ses modes de défense. 

La dimension de « compréhension » est fondamentale pour un travail psychothérapeutique efficace. Il est important de prendre en compte le(s) symptôme(s) des patient.e.s et le fonctionnement de leurs symptômes. Le psychothérapeute est qualifié pour identifier leur domaine de perception, représenter leur monde, établir les causes de leur souffrance et de leurs comportements pathologiques, et mettre à jour leurs mécanismes de défense. D’un point de vue psychanalytique, la défense n’est ni bonne ni mauvaise. Pour la psychothérapie cognitive et comportementale, la défense est considérée comme un mécanisme d’adaptation qui joue un rôle dans la survie psychologique. 

Au cours du processus, le psychothérapeute évalue et analyse en présence du/de la patient.e les changements qui se sont installés. Il est nécessaire de disposer d’un diagnostic initial approfondi prenant en compte non seulement les symptômes, les aptitudes et le fonctionnement psychologique et social de l’intéressé.e, mais aussi ses vulnérabilités et les éléments positifs dont il/elle dispose.

 

La psychothérapie s’inscrit dans une trajectoire de soins qui relève d’un véritable travail pluridisciplinaire : suivi diététique, psychologie, psychomotricité et, si besoin, coaching. Les trois étapes clés qui favorisent le  travail psychothérapeutique sont :

 

1- Une hygiène de vie saine qui permet au patient de créer un espace personnel où il peut rêver, penser, imaginer, s’interroger et (apprendre à) prendre des décisions personnelles correspondant à son système de valeurs. L’hygiène de vie prend évidemment en compte son alimentation.

2- Des méthodes psychocorporelles qui l’amènent à prendre conscience de son corps et de la possibilité de répondre à ses besoins (par la thérapie en psychomotricité) et de le détendre (neurofeedback, yoga et bien-être,  imagerie mentale, exercices de respiration…).  

3- Un renforcement de la sécurité intérieure du patient, grâce à la prise de conscience qui naît tout au long du processus psychothérapeutique et s’accompagne d’une réduction du stress dans les situations interpersonnelles et/ ou professionnelles. 

 

En conclusion, les signes révélant le succès d’une psychothérapie sont :

  • La disparition de vos symptômes
  • L’amélioration de votre état de santé général 
  • L’amélioration de vos relations avec les autres 
  • Le renforcement de l’alliance thérapeutique avec votre psychothérapeute 
  • Une meilleure gestion de vos émotions 
  • L’augmentation de votre estime de soi.

 

Une approche familiale

Les thérapies familiales peuvent être complémentaires aux thérapies individuelles. Les familles ne doivent pas être systématiquement tenues à l’écart, comme ce fut le cas au début du 20ème siècle. 

 

Une approche psychanalytique des TCA

Les thérapies d’approche analytique visent à interroger le “pourquoi” et à mettre en lien. Il s’agit d’obtenir une meilleure compréhension de soi (ses pensées, ses émotions et ses comportements) et des autres. Ces thérapies souhaitent ne pas se focaliser uniquement sur les symptômes alimentaires, mais sur la personne dans son ensemble, et à envisager les symptômes comme les signes visibles de messages que l’inconscient cherche à formuler. Le psychologue accompagne le patient dans l’identification de ses conflits internes et externes, ses angoisses et désirs. Une des spécificités de l’approche psychanalytique des TCA est de ne pas renforcer l’intellectualisation, mécanisme de défense qui peut être mis en place par les patients, et d’être au plus proche de l’affect. Contrairement à la psychanalyse, les thérapies d’approche analytique ont souvent lieu en face à face à raison d’une séance par semaine, sur du moyen ou long terme. Le cadre est à déterminer et à réajuster ensemble. 

 

L’approche cognitive et comportementale dans la gestion des TCA 

La thérapie cognitive et comportementale (TCC) est une thérapie active, directive, structurée et limitée dans le temps. Cette approche s’appuie sur une démarche scientifique et expérimentale et sur les théories d’apprentissage. On peut la concevoir comme une forme d’entraînement à penser et à agir de façon mieux adaptée, lorsque nos émotions, nos pensées et nos comportements sont sources de souffrance. La TCC fait partie des thérapies brèves et s’inscrit dans le présent : ici et maintenant. Elle favorise l’autonomie, la revalorisation et l’estime de soi du/de la patient.e. L’objectif est de l’aider à retrouver une harmonie et un mieux-être. La TCC se concentre sur les cognitions (pensées) et les croyances qui sous-tendent les comportements alimentaires. Elle vise à aider les patients à les identifier et à les changer. Elle s’intéresse aussi aux comportements et aux émotions qui font souffrir la personne et s’avèrent problématiques. L’objectif est de la désensibiliser, d’apaiser ses craintes et de lever ses blocages psychologiques. Le principe de base de la TCC est fondé sur la notion d’apprentissage et sur le fait que, même ancrés depuis longtemps, les pensées et comportements ont été appris. Il s’agit non pas de désapprendre aux patient.e.s le « comportement problème », mais d’en apprendre un plus adapté qui est à ancrer.

La TCC, fortement recommandée dans les TCA, permet de travailler sur la peur de grossir, l’anxiété, la frustration, les pensées de perfectionnisme et de contrôle. Le thérapeute aide les patient.e.s à  “désembuer leurs lunettes” pour offrir un nouvel angle de vue, grâce à la restructuration cognitive. L’objectif est de remplacer les pensées “dysfonctionnelles” par des pensées plus rationnelles, plus proches de la réalité et donc moins douloureuses. 

Les étapes clefs de l’approche cognitivo-comportementale sont :

  • L’analyse fonctionnelle, qui consiste à chercher, comprendre et exprimer le besoin du patient, afin de définir son fonctionnement singulier. Elle se concentre sur l’identification des réactions apprises et des pensées automatiques qui les déterminent. Elle correspond à un modèle interactif qui relie le comportement-problème aux cognitions (pensées) et aux émotions dans une situation donnée, avec ses antécédents d’une part et ses conséquences d’autre part. 
  • L’auto-observation, qui permet d’apprendre à reconnaître les situations déclenchantes, les pensées et émotions qui s’ensuivent, ainsi que les pensées post-crise.  
  • La formulation du problème et les crises en question, dans le but d’apprendre à gérer, de délayer et de limiter les crises. Il s’agit de rassembler un maximum d’informations, destinées à clarifier la nature du problème et d’élaborer des buts plus réalistes et plus adaptés.
  • La définition d’objectifs concrets à court et long termes, étape  indispensable lors de l’accompagnement des personnes souffrant de TCA. 
  1. La prise de conscience des combats cognitifs et émotionnels.
  2. Le développement de stratégies pour gérer les émotions favorisant les TCA.
  3. Un changement de la définition de soi dans le sens d’acceptation de l’image de soi, afin de ne plus se sentir centré.e sur le poids, la taille et la forme.
  4. La restauration de comportements alimentaires équilibrés et d’une perception réaliste du corps.
  5. La restauration des croyances et des valeurs favorisant le développement des TCA.
  6. La verbalisation d’un discours intérieur positif et réaliste sur le corps.
  7. La verbalisation d’un dialogue intérieur rationnel associé à la nourriture. 
  8. Le développement de comportements affirmés permettant l’expression saine des besoins et des émotions. 
  9. L’établissement des bases d’une identité positive, non fondée sur le poids et l’apparence, mais sur le caractère, la personnalité, les relations et les valeurs.
  • La mise en place d’actions adaptées. Des échelles d’évaluations peuvent être mises en place sous forme d’auto-questionnaires permettant une auto-évaluation  pertinente.
  • L’évaluation des résultats de la thérapie. Dans certains cas, le psychothérapeute peut proposer des réajustements. 

 

La thérapie intégrative 

Les TCA, qui sont la partie émergée de l’iceberg, ne peuvent se réduire à un simple “problème avec la nourriture”. Au-delà de l’aspect émotionnel qui est à prendre en compte, les aspects environnementaux, socio-culturels, transgénérationnels et biologiques, doivent être investigués.

 

Selon l’approche intégrative, il existe de nombreuses façons d’explorer et de comprendre la psychologie humaine. C’est une méthode combinée de la psychothérapie rassemblant différents éléments de thérapies spécifiques. Les psychothérapeutes qui utilisent cette méthode estiment qu’il n’y a pas de démarche unique pour soigner les  patient.e.s. Chaque personne doit être considérée comme un tout et les techniques de conseils doivent être adaptées à ses besoins individuels et à sa situation personnelle. 

Les deux principaux avantages de la thérapie intégrative sont sa flexibilité et son orientation vers l’ensemble de l’individu. L’intégration des différentes approches signifie que la psychothérapie peut être adaptée pour répondre à une variété de besoins et de préoccupations. On peut dire également qu’il s’agit d’une approche plus souple et plus inclusive concernant la trajectoire des soins pour les TCA.

 

Les clefs de l’approche intégrative en psychothérapie sont les suivants: 

  • la psychothérapie intégrative est la combinaison de plusieurs approches
  • l’hypnose peut être utilisée pour faire émerger une demande
  • Les patient.e.s sont placés au centre de la thérapie
  • Les patient.e.s sont rendus plus autonomes

En psychothérapie intégrative, il existe une communication active entre le soignant et le/la soigné.e. En effet, lors du suivi, le psychothérapeute  porte une attention particulière à l’équilibre et à l’épanouissement intérieur du patient. La stratégie thérapeutique et le cadre dans lequel elle prend forme, se construisent toujours avec le patient, dont l’autonomie est reconnue par l’attribution d’une véritable boîte à outils. Par exemple, des pratiques psychocorporelles, sous la direction d’un psychomotricien, peuvent être mises en place. Le psychothérapeute peut également intégrer à la thérapie la méditation, l’imagerie mentale et l’hypnose. C’est donc une manière de travailler sur la présence à soi et au monde, d’accueillir les émotions, et également d’autonomiser les patients en leur apprenant à retrouver ces moments pour se ressourcer ou y faire face.