Qu’est ce que la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) ?
La rTMS est une méthode thérapeutique, innovative, indolore qui existe grâce aux neurosciences depuis les années 70 aux Etats-Unis. Cette méthode a été testée dans de nombreuses applications en neurologie et en psychiatrie.
Il est aujourd’hui possible de visualiser en temps réel le fonctionnement d’un cerveau normal et a fortiori les modifications amenées par diverses pathologies dont les troubles des conduites alimentaires. La rTMS consiste en une série de courtes impulsions magnétiques dirigées vers une zone cérébrale ayant pour objectif de stimuler les cellules nerveuses. La rTMS est donc un traitement fonctionnel qui vise directement le fonctionnement des tissus produisant les neurotransmetteurs et rééquilibre leurs sécrétions.
L’activité d’une cellule nerveuse se manifeste par des phénomènes électriques : le passage de l’influx dans un neurone se fait à l’image d’un courant dans un fil électrique. En revanche, d’un neurone à l’autre, la transmission de l’influx s’effectue par la médiation de substances chimiques, les neurotransmetteurs.
Une bonne activité cérébrale est donc liée à la bonne transmission de l’influx.
Il existe deux façons de rétablir une activité cérébrale défaillante :
- Des substances chimiques permettant d’interagir sur la médiation des neurotransmetteurs : ce sont les médicaments psychotropes.
- Des méthodes fonctionnelles permettant de rendre à un tissu en souffrance l’activité qu’il a perdu du fait d’une pathologie : c’est la stimulation magnétique transcrânienne
La rTMS permet donc aux neurones de reprendre une activité normale et de produire les neurotransmetteurs naturels (sérotonine, dopamine, noradrénaline) sans les effets délétères des médicaments. Là où les psychotropes interviennent sur la partie biochimique de la transmission des neurotransmetteurs, les stimulations magnétiques activent les cellules qui produisent ces mêmes neurotransmetteurs.
La rTMS modifie l’activité d’une cellule grâce à des ondes électromagnétiques qui, suivant leur fréquence, vont avoir une activité inhibitrice ou activatrice sur le tissu concerné, mais également toutes les connexions qu’il sous-tend.
Si l’excitabilité corticale est connue depuis longtemps, la nouveauté vient de la capacité de moduler l’action que l’on peut avoir sur elle.
Quelles applications lors des Troubles des Conduites Alimentaires (TCA) ?
Nous savons expérimentalement (par les imageries obtenue via IRMf) que certaines pathologies, en particulier les troubles des conduites alimentaires, correspondent à des zones d’activation de tissus nerveux. Ces zones sont identiques, d’un patient à l’autre.
Elles constituent les cibles que nous allons soumettre à des impulsions électromagnétiques.
Pour l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie, c’est le cortex préfrontal dorsolatéral qui est “trop” activé. Nous allons donc l’inhiber. La rTMS permet de réduire la présence de pensées alimentaires envahissantes et de ruminations, de prendre un peu de distance et de libérer de « l’espace psychique ».
La rTMS stimule donc une zone cérébrale précise grâce au champ magnétique permettant de diminuer l’intensité et la fréquence des ruminations et des pensées obsessionnelles. L’objectif est également de stabiliser l’hyperactivité neuronale qui provoque des symptômes de types : stress, angoisses, ruminations et pensées obsessionnelles liées à la nourriture.
La rTMS propose plusieurs actions :
- Action sur les pensées obsessionnelles
La rTMS est utilisée dans le traitement des troubles alimentaires pour limiter les pensées obsessionnelles. Les pensées obsessionnelles, ou ruminations, sont des idées répétitives, récurrentes, involontaires qui se focalisent sur les préoccupations, les peurs et les angoisses et empêchent la personne souffrante de fixer son attention sur le présent. L’anxiété et le stress sont la source principale de ce type de pensées. La rTMS permet donc de diminuer l’intensité des ruminations.
- Action sur la prise de décision et la motivation
Il existe un dysfonctionnement de circuits neuronaux chez les patients souffrant d’anorexie mentale. L’Inserm constate “une dérégulation du système de prise de décision et de motivation. Les personnes souffrant d’anorexie mentale semblent présenter une réduction de la motivation à s’alimenter et vivent une routine centrée sur l’alimentation et les activités sportives.” La rTMS permet au cerveau de trouver de nouvelles connexions lui répétant une souplesse dans sa prise de décision. Ses effets sur l’humeur agissent également sur la motivation.
- Action sur l’humeur
Nous observons également un impact sur le ressenti des émotions. En effet l’Inserm relève des “anomalies de la neurotransmission, comme un hyperfonctionnement du système sérotoninergique et des anomalies du circuits dopaminergiques’’.
La rTMS a pour objectif d’améliorer notamment la libération de deux neurotransmetteurs : la sérotonine et la dopamine. Ces deux neurotransmetteurs sont très impliqués dans la régulation de l’humeur, le plaisir/bien-être et la motivation.
La dénutrition affecte le cerveau et peut engendrer une anxiété ainsi qu’une comorbidité dépressive. La rTMS permet de diminuer les symptômes liés à l’anxiété et à la comorbidité dépressive.
- Action sur la flexibilité mentale (s’adapter aux imprévus)
Les personnes touchées par des TCA présentent des difficultés face aux changements et aux imprévus. L’Inserm le résume ainsi : “leur choix sont davantage guidés par des habitudes, et leurs capacités de changement et d’adaptation sont altérées.” (Inserm, 2020). À la lumière de ce constat, on peut faire un lien avec l’Anor Mind, ou encore nommé Mental Anorexique. Il s’agit des pensées dysfonctionnelles qui entraînent la personne souffrant de conduites alimentaires à douter d’elle-même, à être dans le contrôle, à ressentir une culpabilité de ne jamais assez bien faire et à se sentir coupée de son corps.
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La rTMS contribue notamment à renforcer la plasticité synaptique du cerveau qui fait référence à la façon dont les neurones communiquent entre eux. La rTMS agit sous forme d’une reconstruction des réseaux neuronaux étant perçue comme une architecture de la cohérence de la pensée. Les avancées en neurosciences ont démontré que le cerveau a la capacité de s’adapter, face aux dangers et aux traumatismes : c’est la neuroplasticité. En d’autres termes, le cerveau est capable de créer de nouveaux « réseaux/schémas » : il est constamment en train de se reconfigurer. La stimulation du cerveau permet donc l’ouverture de nouveaux réseaux qui facilitent les changements des comportements.
Il a été démontré que la répétition des séances favorise la mémorisation de l’activité cérébrale déclenchée par les ondes.
La permanence de l’effet de la rTMS est liée à la plasticité cérébrale. Le cerveau à la capacité de développer en permanence de nouvelles connexions entre les neurones et donc de mémoriser l’effet induit au départ.
Le cerveau est en permanente construction et la rTMS active cette faculté. Stimuler tous les jours pendant 10 jours, lui permet de maintenir l’activité cérébrale induite par la machine, même après l’arrêt de celle-ci.